Lundi le 13 mars 2017
Le 12 mars, nous sommes de retour sur Thalasso après une journée de farniente à la plage; nous regardons à nouveau la météo. Un faible vent de 5 à 10 noeuds du sud est annoncé pour lundi. A partir de mardi, les vents augmentent et la météo ne nous permettra pas de faire cette traversée, aucune fenêtre météo favorable pour les 5 jours suivants.
Puisque nous voulons passer du bon temps dans les Abacos et peut-être revoir nos amis du JoySea, nous décidons qu’il est temps de partir de Spanish Wells. Le temps file, la mi-mars arrive bientôt. Nous informons nos amis de Perla de notre décision et qui sait, peut-être partiront-ils eux aussi ? Après le souper, je prépare du popcorn, un pain bahamien, des crudités et des fruits… La mer s’annonce calme, mais maintenant je le sais, on ne sait jamais ! Il ne faut rien prendre pour acquis avec la mer. Elle seule sait ce qu’elle nous réserve. Yan prépare le bateau. Nous allons nous coucher sous un ciel étoilé et une pleine lune.
Pour faire cette traversée qui est assez courte (une cinquantaine de miles nautiques en partant de notre ancrage) et qui se fait en une journée, deux chemins s’offrent à nous.
Le premier nécessite de passer par Spanish Well, de contourner l’est de l’île et de naviguer dans un passage qui fait partie du « Devil’s Blackbone » (entre des récifs de corail) pour ensuite prendre la mer vers le nord en mettant le cap sur les Abacos. Pour cette option, nous devons quitter notre ancrage à marée haute et alors qu’il fait jour puisqu’il faut naviguer non seulement avec l’aide du GPS mais aussi à vue et être très attentif. Toute erreur peut compromettre notre sécurité. Bien que Yan se sente à l’aise de passer par là, il demeure que nous devons attendre au moins qu’il soit 8hres du matin pour lever l’ancre…
Le deuxième chemin demande que nous revenions sur nos pas vers Egg Island et ensuite prenions la mer et le Northeast Providence Channel en direction des Abacos. Cette option nous permet de lever l’ancre beaucoup plus tôt et bien qu’il s’agisse à première vue d’une plus longue route, le fait que nous puissions partir vers 6hres du matin ne change rien (puisque pour la première option nous devons attendre que le soleil soit bien levé). Nous pouvons prendre le même tracé que lors de notre arrivée à Spanish Well 2 jours plus tôt. Considérant tous ces éléments et après discussion, nous choisissons cette option.
Voici ce que nous écrivions sur notre page Facebook (extrait facebook) ce matin là à 7h37:
Thalasso – Publié par Josée Blain-Landreville · 13 mars, à 07:37 ·
« Thalasso a levé l’ancre ce matin à 6hres sous une magnifique pleine lune et nous avons un cap sur les Abacos… un lever du soleil tout doux alors que nous prenons route en mer pour un 50 miles nautiques environ.Bonne journee, les lignes sont à l’eau !!! Peu de vents, la grande voile est levée et nous avançons avec l’aide du moteur … » (photo du lever du soleil sur la page Facebook)
Tout va bien, Marine se lève vers 8hres. Nous sentons qu’il y a une certaine houle, elle vient de loin car le vent est bien peu présent. Plus nous avançons, plus cette houle, avec ses vagues lentes, nous fait balancer de gauche à droite. « Maman, j’ai mal à la gorge » me dit Marine (c’est ce qu’elle me dit pour m’exprimer le mal de coeur). Que veux-tu manger Marine ? As-tu faim ? Les garçons dorment encore lorsque je descends pour préparer une toast au beurre d’arachide pour ma petite. Et voilà, le mal de coeur me prend. La toast décidément ne cuit pas assez vite ce matin, je suis là, debout devant mon four, et je dois me tenir pour la faire cuire. Finalement, je me dis qu’elle mangera une toast pas cuite, vite je mets un peu de beurre et du beurre d’arachide et je sors de là en ramassant au passage le pain bahamien que j’ai fait la veille. Je vois que Isaac se réveille, mais ce n’est pas long qu’il se « recache » dans le fond de la cabine. Notre ours polaire se rendort. Gaby arrive un peu plus tard à l’extérieur, il lisait dans son lit (!)… il nous dira qu’il aime bien se faire bercer ainsi par la mer pour finalement avoir lui aussi un mal de coeur vers la fin de l’avant-midi…!!! Pour ma part, mon mal de coeur est bien présent et c’est le popcorn à 9hres le matin pour tous ceux qui en veulent !
La journée se passera ainsi, ensoleillée et chaude, alors que Yan sera plus souvent qu’à son tour à la barre même si je fais ma part. On grignotera un peu de tout: les miettes s’accumulent dans le cockpit. Tout le monde est calme, c’est tranquille… le temps passe, Marine se colle avec moi, avec ses frères. On essaie de pêcher pour passer le temps, rien. On parle, on pense et réfléchit à tout et à rien, on chante (nous avons écouté au moins 6 fois la playlist de Gaby)… Pas d’école, impossible de se concentrer, dès qu’on entre dans le bateau le mal de coeur nous reprend (sauf Yan). Il n’y a pas vraiment de vent, on essaie un génois, une grande voile, mais le vent tourne… le moteur nous accompagne…que c’est désagréable de l’entendre toute la journée, mais rassurant en même temps de le savoir avec nous !
En fin d’après-midi, alors que nous commençons finalement à nous faire à ce mouvement de balancier dû à la houle, nous voyons enfin la terre des Abacos ! ENFIN !
Il nous reste à passer le « cut », (encore un « p’tit cut » comme dirait Marine), pour entrer à Little Harbor ! Les vagues sont vraiment incroyables et nous surfons pour notre entrée ! Je suis là, assise dans le cockpit et je regarde Yan et la mer derrière (pour ne pas trop voir devant les vagues de surf qui m’impressionnent un peu trop en cette fin d’après-midi), je colle ma petite Marine et je me dis « go mon amour, t’es capable »… Ça y est, c’est pas »sé, c’est réussi, il n’y a presque plus de vagues en fait, la houle n’étant pas présente dans le banc ! Nous sommes maintenant dans les Abacos pour entreprendre la dernière partie de notre voyage dans les Bahamas, après ce sera la Floride. Wow. Quel sang froid il a mon Yan, je suis certaine que le métier de pompier y est pour quelque chose.
Nous nous ancrons un peu plus au nord (Lynyard). Il y a trop de vagues et de « swell » pour Little Harbor et la météo nous annonce que les vents vont augmenter pendant la nuit. Nous rejoignons l’équipage du Caboteur et quelques minutes plus tard, Perla arrive également dans la petite baie. Un souper rapide avec une bonne nuit de repos pour tout l’équipage…
Extrait de notre page Facebook à 19h00:
Thalasso –Publié par Josée Blain-Landreville · 13 mars, à 19:00 ·
« Mise à jour… nous sommes bien ancrés dans une petite baie dans le coin de little Harbor dans les abacos. Longue journée ensoleillée et chaude dans la houle, c’est pas parce qu’il n’y a presque pas de vent qu’il n’y a pas de vagues …longue journée de mal de cœur pour plusieurs d’entre nous et pas de touche à la peche….école de THALASSO fermée aujourd’hui en raison du mal de mer du professeur et du balancement du bateau !! »
Vous savez quoi ? Je l’aime cette mer qui me fait vivre à cent milles à l’heure dans l’authenticité du moment présent et j’ai toujours, et de plus en plus, le goût d’y retourner…
Josée
Ah Josée!
Tu réussis presqu’à nous faire ressentir les mêmes maux que vous avez ressentis durant cette traversée… et les mots que tu utilises pour décrire « ton capitaine » nous vont droit au coeur.Nous vous souhaitons plein de belles fenêtres afin que le retour en eaux plus calmes vous soient profitables.
Bonne remontée et au plaisirs de vous lire encore bientôt.
Nanny et papy
J’aimeJ’aime
C’est que je l’aime tellement, l’homme de ma vie, de nos vies….
J’aimeJ’aime
Je lis pour la première fois sur votre aventure. Wow bravo j admire les gens qui on le courage de vivre leur rêve.
J’aimeJ’aime
Toujours aussi touchante dans ta façon de raconter.
Et c’est là que les souvenirs prennent toutes leurs textures. Sinon, ce ne serait qu’une collection de cartes postales…
J’aimeJ’aime